Une ville au pied du mur, Calais

L’exposition a été réalisée à partir des photographies prises à Calais par des chercheurs et des étudiantes de seconde année du master Migrations*, formation adossée à l’unité de recherche Migrinter (Université de Poitiers / CNRS), lors de
la sortie pédagogique qui s’est déroulée du 19 au 26 novembre 2023.

L’objectif de cette sortie était de faire découvrir et de mieux comprendre le contexte migratoire de la région de Calais. Devenu, depuis plusieurs décennies, un lieu de passage pour les migrants qui souhaitent se rendre en Angleterre, l’histoire
de la ville et de ses environs (Sangatte par exemple) se lit à travers des lieux, emblématiques ou au contraire demeurés peu connus, qui évoluent en lien avec la présence migrante. Ce sont des lieux construits par les migrants eux-mêmes ou pour les migrants (campements, lieux associatifs, équipements de première nécessité) ; alors que d’autres ont évolué dans le but de bloquer la circulation de ces personnes, ou encore, à tout le moins, de les empêcher d’être visibles dans l’espace public. Les photographies en présentent certains.

Cette surenchère sécuritaire est à l’origine de paysages urbains que nous pensions plus volontiers rencontrer dans des pays en conit, d’où le parallèle que nous faisons sur l’un des derniers panneaux avec le Moyen-Orient. Cette ination
de dispositifs sécuritaires est particulièrement notable dans des secteurs considérés comme « stratégiques » de la ville par les pouvoirs publics : le port de Calais, la principale voie d’accès au port, le site d’Eurotunnel, le centre de Calais, vide
désormais de présence migrante. Murs, clôtures, barbelés, système de vidéo-surveillance mais aussi empierrement des espaces verts pour empêcher la « xation » des personnes, constituent les éléments les plus visibles de cet arsenal.
En périphérie orientale de la ville, des campements sont installés dans l’attente d’opportunités de passage en Angleterre.

On les retrouve généralement entre des champs agricoles, à peine dissimulés par les fourrés et les bosquets d’arbres. Quand ils ne sont pas détruits par la police, qui applique la consigne de « zéro xation », ces campements de migrants tentent de se maintenir dans des espaces à la fois proches des axes majeurs de passage des camions, et des structures d’aide aux migrants tenues par diverses associations anglaises et françaises.

* Léna Boumard, Léna Chopineau, Olivier Clochard, Louise Dubourg, Yousra Erraghioui, Louis Fernier, Elsa Guyot, Maëlle Parfait et Cyril Roussel

L’exposition est présentée à l’espace Mendès France, 1 place de la Cathédrale à Poitiers, à l’occasion du festival Filmer le travail de février 2024, sur le thème « contrôle et surveillance dans le monde du travail ».

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