- Patricia MOTHES (maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’ICT Toulouse) : « Littérature de jeunesse et migration : une construction stéréotypée de la figure du migrant? »
- Anne-Cécile OTT (chercheure postdoctorante au Centre Émile Durkheim, Université de Bordeaux) : « Mobilités, migrations et construction des représentations du monde chez les enfants »
Séminaires
tous les séminaires
Séminaire international – Poitiers MSHS – 30 novembre 2023
RECHERCHE FEMINISTE ET ETUDES MIGRATOIRES DANS UNE PERSPECTIVE INTERDISCIPLINAIRE
Séminaire international – 30 novembre 2023 – MSHS Poitiers – salle Mélusine – de 9 h. à 17 h.
MSHS Poitiers – Bâtiment A5 – 5 rue Théodore Lefebvre – 86073 Poitiers
programme recherche féministe_
09h00 Accueil des participant.e.s et présentation de la journée
09h30 – 12h30 Le regard féministe interroge les études migratoires
Discutante : Ariane Le Moing, maître de conférences en civilisation nord-américaine, MIMMOC, Université de Poitiers
Chadia ARAB, géographe, CNRS,UMR ESO
« Dubaï, ça reste le rêve américain arabe ! » Exemple des Marocaines aux Émirats Arabes Unis
C’est à partir de plusieurs enquêtes réalisées entre 2015 et 2018 avec Nasima Moujoud, anthropologue à l’UMR Lahrha (Grenoble), et d’une HDR soutenue en 2021 à Angers, que je souhaiterais évoquer le parcours de
Marocain.e.s et d’héritier.e.s de l’immigration marocaine en Europe. Ces dernier.e.s font de Dubaï un espace de rebond pour réussir dans leur carrière professionnelle. C’est aussi le cas pour certain.e.s Marocain.e.s qui, après
avoir fait de grandes études au Maroc, partent ensuite à Dubaï, pour occuper des postes hautement qualifiés. L’étape et la circulation n’ont pas les mêmes significations pour ces deux populations. Celles et ceux qui viennent
d’Europe fuient un contexte de discrimination où le plafond de verre ne leur permet pas d’évoluer comme ils/elles le souhaiteraient. Pour celles et ceux du Maroc, l’étape émiratie est vue comme nous le dit l’une d’entre elles,
comme « le rêve américain arabe ».
Nasima MOUJOUD, anthropologue, UMR LARHRA, Grenoble
Les épreuves empiriques. Approche intersectionnelle à partir d’espaces festifs à Dubaï
À partir d’une recherche réalisée avec Chadia Arab, géographe et spécialiste des migrations, j’aborde ici les épreuves empiriques soulevées par notre enquête de terrain sur le travail de personnes marocaines ou binationales (franco-marocaines) à Dubaï. Pour enquêter et saisir les enjeux de notre sujet, notre approche a nécessité, dans certains espaces, un décentrement intersectionnel sous l’effet de la stigmatisation des jeunes marocaines peu diplômées et nouvelles arrivantes à Dubaï. Nous verrons comment les représentations sur ces femmes affectent notre engagement empirique au sein d’espaces festifs assimilés à la sexualité. Elles ont généré des appréhensions sur notre enquête et failli nous conduire à négliger l’importance et la diversité des formes d’insertion professionnelle des femmes concernées dans des secteurs peu étudiés dans nos milieux de recherche en Europe, comme le tourisme, l’hôtellerie et l’art. Revoir nos appréhensions, ainsi que nos connaissances sur les migrations, en prenant au sérieux les propos recueillis dans la marge, sans oublier les avantages tirés de nos nationalités (française et marocaine) et de notre position de chercheures, ont été des manières d’enrichir la connaissance féministe et intersectionnelle du groupe et du contexte étudiés.
Nouria OUALI, sociologue, METICES, ULB Bruxelles
Quand les femmes minoritaires portent un regard intersectionnel critique sur le mouvement des femmes dominant
à Bruxelles
En Belgique, les féministes minoritaires ont, à partir des années 1980, explicitement critiqué l’universalisme du féminisme majoritaire et les comportements de certaines militantes qui, selon elles, maternent, victimisent, stigmatisent et dénient leur subjectivité politique. De nombreux récits de « féministes minoritaires » (migrantes et leurs descendantes) engagées dans les luttes sociales et féministes soulignent encore aujourd’hui l’inertie politique des « féministes majoritaires » face à leurs revendications d’égalité et à leur condition subalterne imbriquée dans les rapports de domination de sexe, de race et de classe. Les analyses féministes dominantes (blanches et bourgeoises) ont d’abord revendiqué des droits sur la base de leurs propres préoccupations et besoins économiques et sociaux. Si elles mentionnent les femmes migrantes dans leur problématisation de la condition féminine en Belgique, elles les ont cependant souvent décrites sous l’angle réducteur de femmes victimes de leurs hommes (père, frères, époux) et de leurs cultures. Ce faisant, elles ont longtemps négligé, à la fois, les besoins spécifiques et urgents liés à leur condition subalterne globale (travail, formation, santé, logement, sécurité séjour, violences sexistes, racistes, classistes, accès au financement pour leur lutte, etc.), mais également l’analyse des rapports de domination au sein même du mouvement féministe belge francophone. Je présenterai ces critiques formulées envers le mouvement féministe majoritaire bruxellois francophone et leurs conséquences notamment en termes d’affirmation de soi dans l’espace public, de renouveau des analyses des luttes sociales (incluant l’approche décoloniale) et de création de collectifs qui défendent leurs points de vue, pensent leur propre voie du féminisme et tentent de répondre à leurs besoins et leurs priorités.
Adelina Miranda, anthropologue, Migrinter/ICM, Université de Poitiers
Intersectionnalité et multipositionnement
Dans cette intervention, je propose d’opérer un retour réflexif sur comment les multiples appartenances (notamment le genre, la classe, les statuts professionnel et national) du.de la chercheur.e agissent sur les conditions de recherche. En effet, pour opérer le nécessaire processus de distanciation et de décentrement, fondamental pour élaborer une connaissance située ancrée dans une objectivité forte (S. Harding), le.a chercheur.e doit se reconnaître comme étant un des acteurs du champ étudié, impliqué dans de nombreux autres champs sociaux et qui peut vivre dans des formes de mobilité et de transnationalisme. Tout comme les sujets étudiés, le.la chercheure est par ailleurs confronté.e aux processus de mondialisation et de globalisation, à la division internationale du marché du travail intellectuel, aux conditions d’hégémonie politique, juridique, culturelle. Comment ce multipositionnement agit dans les rapports sociaux lors du terrain ? Comment les logiques intersectionnelles sont prises en compte dans l’élaboration des savoirs ?
12h30 – 14 Pause
14h – 16h Masterclass : La place des femmes dans la recherche sur les migrations
Discutante : Francesca Di Donato, doctorante Migrinter
Antía PÉREZ-CARAMÉS, sociologue, ESOMI/CEXEF, Université de La Corogne
Belén FERNÁNDEZ SUÁREZ, sociologue, ESOMI/CEXEF, Université de La Corogne
Projection du documentaire Si ka badu ka ta biradu. Un documental sobre mulleres migrantes que terman do mundo (Si tu ne pars pas, tu ne peux pas revenir. Un documentaire sur les femmes migrantes qui soutiennent le monde)
Ce documentaire social est le résultat d’un projet de recherche sur la circulation transnationale des transferts de fonds et des soins organisée par les femmes entre l’île de Santiago, au Cap-Vert, et le village de pêcheurs de Burela, en Galice, dans le nord de l’Espagne. Quatre générations de femmes racontent leur vie et comment la division sexuelle et l’organisation des soins s’organisent au niveau transnational. En les regardant cuisiner, faire le ménage, s’occuper des personnes dépendantes dans leur lieu d’origine et dans la société galicienne, nous comprenons l’impact de la répartition inégale de la charge des soins sur leur vie. En les suivant dans l’organisation de leur vie affective, de la manière d’organiser la circulation de la communication, de l’argent, des biens et des encomendas (commandes) nous saisissons l’importance qu’elles donnent à l’épargne pour construire un avenir qui leur permettra de se reposer après tant de travail, à Burela ou au Cap-Vert.
15h – 17h Partage d’expériences de recherche entre étudiant.e.s de Master et chercheur.e.s
Jeudi 30 novembre à 20h30 Projection au Cinéma Le Dietrich à Poitiers
FEMMAGE À SAFI FAYE : FAD’JAL
Deuxième long-métrage de la regrettée Safi Faye, Fad’jal (Grand père, raconte nous…) est un hymne à la transmission, à la vie de ce village sénégalais sérère et surtout, à l’appropriation des terres !
Projection suivie d’un échange avec Catherine Ruelle, critique spécialiste des cinémas africains.
Une séance en partenariat avec Filmer le travail, l’Espace Mendès France et Migrinter.
https://institutdesafriques.org/agenda/fadjal-poitiers-afriques-en-vision/
Master Migration #2
Dans le cadre des conférences de la formation du Master Migrations dont la thématique porte, pour la seconde année consécutive, sur Migrations et travail, nous aurons le plaisir d’écouter le jeudi 9 novembre de 14h à 16h (Amphi C) Joanne Le Bars pour une présentation intitulée « Des femmes sans-papiers au travail. Service domestique et entreprenariat commercial ».
Migration et environnement #4 Représenter l’environnement par le Jeu de Reconstruction Spatiale
Rentrée inaugurale Master Migrations
Cette année le thème discuté sera :
« La Méditerranée, entre circulations et encampements« .
Vous y êtes cordialement invité·e·s
Arts et Migrations (suite) #2 Restituer les œuvres d’art
C’est l’histoire de plus d’un siècle de pillages coloniaux et d’appropriation d’œuvres d’art par l’Europe. De combats incessants depuis l’Afrique pour les retrouver. Et de grands musées qui célèbrent les arts africains mais gardent jalousement leurs trésors. Nous oublions souvent que les musées occidentaux possèdent des centaines de milliers d’objets et d’œuvres qui ont, pour la plupart, quitté l’Afrique subsaharienne pendant la colonisation. Masques, statues, restes humains, fossiles, bijoux… Dans la course nationaliste, les pays européens ont cherché à partir de la fin du 19e siècle à édifier les musées les plus grandioses et les plus riches en collections. En 2018, un rapport commandité par la présidence française aux penseurs Felwine Sarr et Bénédicte Savoy provoque une déflagration. L’heure des restitutions définitives semble avoir sonné. Les pays européens se disent alors prêts à rendre. Les musées africains se multiplient et préparent les retours. Le temps de l’action, pourtant, s’étire. Le spectre colonial continue de hanter cette géopolitique complexe. Les Etats européens tiendront-ils leurs promesses ?
Élise Pape est chercheuse associée au Laboratoire d’Anthropologie Politique (UMR 8177) à l’EHESS à Paris et Fellow de l’Institut Convergences Migrations. Ses recherches socio-anthropologiques portent principalement sur les transmissions intergénérationnelles dans des familles migrantes, les politiques publiques concernant les migrant-e-s et leurs descendant-e-s en France et en Allemagne et les mémoires (post)coloniales. Depuis 2016, elle s’intéresse plus particulièrement aux restitutions d’objets muséaux issus de pays anciennement colonisés ainsi qu’aux rapatriements de restes humains issus d’anciennes colonies se trouvant actuellement dans des institutions publiques en France et en Allemagne.
Nora Philippe est réalisatrice, curatrice, productrice et enseignante. Elle a réalisé Restitution en 2021, Like dolls, I’ll rise (2018) qui a été sélectionné dans 30 festivals de quinze pays, Pôle emploi, ne quittez-pas (2014) et Les Ensortilèges de James Ensor (2011). En tant que curatrice d’art, elle réalise un travail à partir des “archives de l’ordinaire”, de la culture matériel et intime. Elle a été commissaire de l’exposition Poupées noires en 2018 à la Maison rouge à Paris et auparavant, elle a organisé Filmer la frontière, des films à propos de l’immigration présentés dans les universités américaines entre 2016 et 2017.
En partenariat avec le festival Filmer le travail
Migration et environnement #3 Aménité environnementale
Camille Hochedez et Louis Fernier ont organisé la troisième séance du cycle de séminaires « migrations et environnements » sur le thème de l’« aménité environnementale » et son implication dans les migrations de populations et les modifications de l’environnement.
Elle a eu lieu le jeudi 15 décembre de 14H00 à 17 H00 en salle Mélusine, à la MSHS de Poitiers.
Ci-dessous, retrouvez l’affiche de cet événement ainsi que les interventions disponibles en podcasts :
- Introduction de Camille Hochedez (MCF en Géographie, université de Poitiers)
- Frédéric Richard (MCF HDR en Géographie, université de Limoges), [mettre lien]
- Margaux Verove (Doctorante en Géographie, université de Caen-Normandie)
- Naïk Miret (MCF HDR en Géographie, université de Poitiers)
Arts et Migrations (suite) #1 L’Art comme résistance : la scène artistique algérienne
Rencontre avec Wassyla Tamzali, écrivaine, militante féministe, avocate et ancienne directrice des droits des femmes à l’Unesco.
3 novembre 2022, de 18 h 30 à 20 h 30, à l’Espace Mendès-France, 1 place de la cathédrale, Poitiers
Master Migration #1
Etudier les migrations à l’aune de la perspective intersectionnelle et post-coloniale
Ce séminaire scientifique de rentrée du master Migrations de l’Université de Poitiers aura lieu le 28 septembre 2022, de 14h à 16h30
Lieu : MSHS – bât. A5 – Salle des Conférences
Intervenants
Chadia ARAB est géographe, Chargée de recherche au CNRS ESO-Angers (UMR 6590) – Espaces et Sociétés. Spécialiste des migrations internationales, ses recherches portent sur les migrations marocaines en Europe et dans les pays du Golfe. Elle est membre du comité de rédaction de Migrations Société, et co-directrice d’une collection aux Presses universitaires de Rennes.
Mustapha EL MIRI est maître de conférences en sociologie à Aix-Marseille Université et chercheur à l’Institut d’économie du travail et de sociologie industrielle (LEST-UMR7317). Ces dernières années, ses principales recherches ont porté sur les migrations entre le Maroc et l’Europe, la racialisation des migrants « subsahariens » et le racisme global et l’articulation entre M-migration et fait colonial en sciences sociales. Il dirige actuellement un groupe de recherche international, le MIJMA, sur la migration internationale des jeunes et des mineurs indépendants. La migration des jeunes mineurs africains vers l’Europe : Transnationalisation et processus d’autonomisation précoce ?
Chadia ARAB : Les Migrations marocaines au prisme d’une géographie intersectionnelle
La migration est ici étudiée à travers une approche intersectionnelle dans des courants de la géographie identifiée (telle que celle du genre, des migrations, et d’une géographie en construction dite « décoloniale ») et aussi d’une micro-géographie. Les femmes qui migrent produisent des changements économiques, sociaux et territoriaux au sein de leur famille, de leur pays d’origine et d’installation, dans des perspectives d’ascension sociale et de transformations de leurs espaces de vie. Avec deux terrains principaux que sont Dubaï aux Émirats Arabes Unis et la province de Huelva en Espagne, je tenterais de mieux saisir en quoi les migrations des femmes produisent et fabriquent pour certaines des dynamiques d’émancipation et pour d’autres induisent des processus de marginalisation dans des contextes mondialisés et postcoloniaux différents.
Mustapha EL MIRI : Le poids de l’héritage culturel colonial dans les discours savants et politiques sur les migrations. Pour une dénationalisation de la question migratoire
L’intensité voire la violence des débats, polémiques et controverses autour des questions de la mémoire coloniale et de ses effets sur les représentations et la place faite aux migrants des anciennes colonies révèle à quel point les périodes de la colonisation et de la décolonisation continuent de travailler la société française et de manière plus large les sociétés occidentales.
Le brouillage des frontières entre débats scientifiques et politiques, la circulation des catégories mobilisées qui en découle, dans les controverses sur la mémoire coloniale, et leur articulation avec le fait migratoire, les phénomènes de racisme et de discriminations, les inégalités ethno-raciales, le terrorisme islamiste, la délinquance, révèlent la confusion des genres, la polarisation des points de vue et la difficile émancipation du débat scientifique des enjeux socio-politiques. Mais l’intensité des conflits autour d’un sujet qui était, jusqu’à présent, en France cantonné à un cercle d’intellectuels engagés ou spécialistes du champ, aux amphis des universités et aux éditeurs académiques ne peut être comprise qu’au regard de l’articulation entre le débat sur la mémoire coloniale et la question de « l’immigration » véritable obsession du débat politique. Dans les discours scientifiques comme politiques la question de l’histoire coloniale convoque systématiquement avec elle celle des migrants provenant des anciennes colonies d’Afrique (du Nord comme subsaharienne).
Migration et environnement #2 Les migrations environnementales
La séance #2 du séminaire « Camps et environnement » du Jeudi 31 Mars 2022, de 14h-17h s’intitule « les migrations environnementales ».
En introduction, Etienne Piguet (professeur de géographie, Université de Neûchatel) présente l’historique et l’état actuel de la recherche sur les migrations « environnementales ». Il revient sur les dernières décennies de questionnements sur ce sujet, en évoque les pistes et les impasses à partir du programme PEEMPASS (Sénégal). Florian Bonnefoi (doctorant en géographie, Migrinter-CEDEJ) intervient ensuite pour présenter les particularités du cas égyptien, qu’il étudie dans le cadre de sa thèse : si le delta de Nil est extrêmement vulnérable face aux effets des changements climatiques, « l’environnement » n’est pas souvent présenté comme un facteur déclenchant des migrations. En conclusion, Pauline Brücker (docteure en sciences politiques et post-doctorante à Migrinter, chercheure associée au CERI) fait le lien entre les deux interventions, et questionne justement la pertinence du critère environnemental dans les projets migratoires.