Recherche féministe et études migratoires- nov 2023

Séminaire international – Poitiers MSHS – 30 novembre 2023

Recherche féministe et études migratoires- nov 2023

RECHERCHE FEMINISTE ET ETUDES MIGRATOIRES DANS UNE PERSPECTIVE INTERDISCIPLINAIRE

Séminaire international – 30 novembre 2023 – MSHS Poitiers – salle Mélusine – de 9 h. à 17 h.

MSHS Poitiers – Bâtiment A5 – 5 rue Théodore Lefebvre – 86073 Poitiers

programme recherche féministe_

 

09h00 Accueil des participant.e.s et présentation de la journée

09h30 – 12h30 Le regard féministe interroge les études migratoires

Discutante : Ariane Le Moing, maître de conférences en civilisation nord-américaine, MIMMOC, Université de Poitiers

Chadia ARAB, géographe, CNRS,UMR ESO
« Dubaï, ça reste le rêve américain arabe ! » Exemple des Marocaines aux Émirats Arabes Unis
C’est à partir de plusieurs enquêtes réalisées entre 2015 et 2018 avec Nasima Moujoud, anthropologue à l’UMR Lahrha (Grenoble), et d’une HDR soutenue en 2021 à Angers, que je souhaiterais évoquer le parcours de
Marocain.e.s et d’héritier.e.s de l’immigration marocaine en Europe. Ces dernier.e.s font de Dubaï un espace de rebond pour réussir dans leur carrière professionnelle. C’est aussi le cas pour certain.e.s Marocain.e.s qui, après
avoir fait de grandes études au Maroc, partent ensuite à Dubaï, pour occuper des postes hautement qualifiés. L’étape et la circulation n’ont pas les mêmes significations pour ces deux populations. Celles et ceux qui viennent
d’Europe fuient un contexte de discrimination où le plafond de verre ne leur permet pas d’évoluer comme ils/elles le souhaiteraient. Pour celles et ceux du Maroc, l’étape émiratie est vue comme nous le dit l’une d’entre elles,
comme « le rêve américain arabe ».

Nasima MOUJOUD, anthropologue, UMR LARHRA, Grenoble
Les épreuves empiriques. Approche intersectionnelle à partir d’espaces festifs à Dubaï

À partir d’une recherche réalisée avec Chadia Arab, géographe et spécialiste des migrations, j’aborde ici les épreuves empiriques soulevées par notre enquête de terrain sur le travail de personnes marocaines ou binationales (franco-marocaines) à Dubaï. Pour enquêter et saisir les enjeux de notre sujet, notre approche a nécessité, dans certains espaces, un décentrement intersectionnel sous l’effet de la stigmatisation des jeunes marocaines peu diplômées et nouvelles arrivantes à Dubaï. Nous verrons comment les représentations sur ces femmes affectent notre engagement empirique au sein d’espaces festifs assimilés à la sexualité. Elles ont généré des appréhensions sur notre enquête et failli nous conduire à négliger l’importance et la diversité des formes d’insertion professionnelle des femmes concernées dans des secteurs peu étudiés dans nos milieux de recherche en Europe, comme le tourisme, l’hôtellerie et l’art. Revoir nos appréhensions, ainsi que nos connaissances sur les migrations, en prenant au sérieux les propos recueillis dans la marge, sans oublier les avantages tirés de nos nationalités (française et marocaine) et de notre position de chercheures, ont été des manières d’enrichir la connaissance féministe et intersectionnelle du groupe et du contexte étudiés.

Nouria OUALI, sociologue, METICES, ULB Bruxelles
Quand les femmes minoritaires portent un regard intersectionnel critique sur le mouvement des femmes dominant
à Bruxelles

En Belgique, les féministes minoritaires ont, à partir des années 1980, explicitement critiqué l’universalisme du féminisme majoritaire et les comportements de certaines militantes qui, selon elles, maternent, victimisent, stigmatisent et dénient leur subjectivité politique. De nombreux récits de « féministes minoritaires » (migrantes et leurs descendantes) engagées dans les luttes sociales et féministes soulignent encore aujourd’hui l’inertie politique des « féministes majoritaires » face à leurs revendications d’égalité et à leur condition subalterne imbriquée dans les rapports de domination de sexe, de race et de classe. Les analyses féministes dominantes (blanches et bourgeoises) ont d’abord revendiqué des droits sur la base de leurs propres préoccupations et besoins économiques et sociaux. Si elles mentionnent les femmes migrantes dans leur problématisation de la condition féminine en Belgique, elles les ont cependant souvent décrites sous l’angle réducteur de femmes victimes de leurs hommes (père, frères, époux) et de leurs cultures. Ce faisant, elles ont longtemps négligé, à la fois, les besoins spécifiques et urgents liés à leur condition subalterne globale (travail, formation, santé, logement, sécurité séjour, violences sexistes, racistes, classistes, accès au financement pour leur lutte, etc.), mais également l’analyse des rapports de domination au sein même du mouvement féministe belge francophone. Je présenterai ces critiques formulées envers le mouvement féministe majoritaire bruxellois francophone et leurs conséquences notamment en termes d’affirmation de soi dans l’espace public, de renouveau des analyses des luttes sociales (incluant l’approche décoloniale) et de création de collectifs qui défendent leurs points de vue, pensent leur propre voie du féminisme et tentent de répondre à leurs besoins et leurs priorités.

Adelina Miranda, anthropologue, Migrinter/ICM, Université de Poitiers
Intersectionnalité et multipositionnement

Dans cette intervention, je propose d’opérer un retour réflexif sur comment les multiples appartenances (notamment le genre, la classe, les statuts professionnel et national) du.de la chercheur.e agissent sur les conditions de recherche. En effet, pour opérer le nécessaire processus de distanciation et de décentrement, fondamental pour élaborer une connaissance située ancrée dans une objectivité forte (S. Harding), le.a chercheur.e doit se reconnaître comme étant un des acteurs du champ étudié, impliqué dans de nombreux autres champs sociaux et qui peut vivre dans des formes de mobilité et de transnationalisme. Tout comme les sujets étudiés, le.la chercheure est par ailleurs confronté.e aux processus de mondialisation et de globalisation, à la division internationale du marché du travail intellectuel, aux conditions d’hégémonie politique, juridique, culturelle. Comment ce multipositionnement agit dans les rapports sociaux lors du terrain ? Comment les logiques intersectionnelles sont prises en compte dans l’élaboration des savoirs ?

12h30 – 14 Pause

14h – 16h Masterclass : La place des femmes dans la recherche sur les migrations

Discutante : Francesca Di Donato, doctorante Migrinter

Antía PÉREZ-CARAMÉS, sociologue, ESOMI/CEXEF, Université de La Corogne
Belén FERNÁNDEZ SUÁREZ, sociologue, ESOMI/CEXEF, Université de La Corogne
Projection du documentaire Si ka badu ka ta biradu. Un documental sobre mulleres migrantes que terman do mundo (Si tu ne pars pas, tu ne peux pas revenir. Un documentaire sur les femmes migrantes qui soutiennent le monde)

Ce documentaire social est le résultat d’un projet de recherche sur la circulation transnationale des transferts de fonds et des soins organisée par les femmes entre l’île de Santiago, au Cap-Vert, et le village de pêcheurs de Burela, en Galice, dans le nord de l’Espagne. Quatre générations de femmes racontent leur vie et comment la division sexuelle et l’organisation des soins s’organisent au niveau transnational. En les regardant cuisiner, faire le ménage, s’occuper des personnes dépendantes dans leur lieu d’origine et dans la société galicienne, nous comprenons l’impact de la répartition inégale de la charge des soins sur leur vie. En les suivant dans l’organisation de leur vie affective, de la manière d’organiser la circulation de la communication, de l’argent, des biens et des encomendas (commandes) nous saisissons l’importance qu’elles donnent à l’épargne pour construire un avenir qui leur permettra de se reposer après tant de travail, à Burela ou au Cap-Vert.

15h – 17h Partage d’expériences de recherche entre étudiant.e.s de Master et chercheur.e.s


 

Jeudi 30 novembre à 20h30 Projection au Cinéma Le Dietrich à Poitiers

FEMMAGE À SAFI FAYE : FAD’JAL

Deuxième long-métrage de la regrettée Safi Faye, Fad’jal (Grand père, raconte nous…) est un hymne à la transmission, à la vie de ce village sénégalais sérère et surtout, à l’appropriation des terres !
Projection suivie d’un échange avec Catherine Ruelle, critique spécialiste des cinémas africains. 

Une séance en partenariat avec Filmer le travail, l’Espace Mendès France et Migrinter.
https://institutdesafriques.org/agenda/fadjal-poitiers-afriques-en-vision/

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