L’atelier des Savoirs – 19 octobre 2017 – La condition de l’étranger

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Jeudi 19 octobre 2017 à 18h.30

La condition de l’étranger  : précarité et discrimination

Danièle Lochak (juriste)

Professeure émérite de droit public de l’université Paris-Nanterre
Membre et ancienne présidente du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré-e-s)

Précarité et discrimination constituent les marqueurs par excellence de la condition des étrangers.
– Précarité, parce que l’étranger n’a le droit d’entrer puis de demeurer sur le territoire du pays d’accueil qu’en vertu d’une autorisation potentiellement révocable. En sursis dans un pays qui n’est pas le sien, il est non seulement maintenu dans l’incertitude du lendemain mais n’a de ce fait qu’une jouissance précaire des droits dont il n’est pas expressément privé.
– Discrimination, car les étrangers ne jouissent pas de l’intégralité des droits et libertés reconnus aux nationaux. Au-delà même des droits civiques qui sont réservés à ces derniers, la conjonction d’une forme de protectionnisme et d’une conception craintive de l’intérêt national aboutit à refuser aux étrangers bien d’autres droits et prérogatives, notamment dans la sphère économique et sociale.
S’il est vrai qu’une conception plus exigeante de l’universalité des droits de l’Homme a entraîné une régression des discriminations directement fondées sur la nationalité, la politique de «  maîtrise des flux migratoires  » a empêché cette évolution a priori positive de produire tous ses effets. Car que pèse la proclamation solennelle de la liberté d’aller et venir, du droit à la sûreté, du droit au respect de la vie familiale ou du droit d’asile face à la multiplication des obstacles à la liberté de circulation, à la restriction des possibilités d’accès au séjour régulier, à la démultiplication des contrôles policiers, à la banalisation de l’enfermement  ?

L’Atelier des Savoirs – 16 novembre 2017 – Le mythe de l’égalité

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Jeudi 16 novembre – 18h 30
Le mythe de l’égalité à l’aune de l’intersectionnalité

Djaouida Sehili
Sociologue, Maitresse de conférence, Responsable scientifique de la Chaire « Egalité, Inégalités &  Discriminations », IETL-Université Lyon 2,  Centre Max  Weber.

Parmi les nombreuses questions pertinentes posées par Nacira GUENIF-SOUILAMAS, je retiendrai plus particulièrement celle-ci :  quel prix faut-il payer pour trouver sa place  ? Partant de l’imagerie ambiante selon laquelle l’intégration se produit d’abord par les femmes, et plus spécifiquement les filles de migrant-e-s qui seraient naturellement portées à se distancer des traditions familiales, les études sociologiques montrent en réalité que l’intégration par l’émancipation (c’est à dire en réalité par l’assimilation) est ressentie comme une assignation ou une contrainte plus que comme une libération. L’intégration dont il est question est strictement normative, elle suppose une certaine compétence à se conformer qui passe par la réussite méritocratique. De fait, en transformant les facteurs d’exclusion, puis de discrimination, en facteur d’inclusion, la promotion de la parité et de la diversité porte donc bien l’idée d’une égalité sous conditions de «  performance de la différence  », au sens à la fois de son conditionnement à la rentabilité de la mixité et à la mise en scène d’une singularité. Concept libéral, la diversité se situe dans une certaine continuité de l’idéologie coloniale qui vise à masquer la pratique et le vécu de discriminations réelles induites par le Genre, la Race et la condition économique supposées  des indivu-e-s. C’est en cela que l’approche intersectionnelle me semble plus que jamais heuristique à la compréhension de la division internationale du travail et à la hiérarchisation qu’elle reproduit.

L’Atelier des Savoirs – 18 janvier 2018 – Les discriminations ethnoraciales

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Jeudi 18 janvier 2018 à 18h 30

 Les discriminations ethnoraciales en France

 Patrick Simon (démographe).
Directeur de recherche, institut d’études démographiques (Ined), Paris.

 

Constructions conceptuelles et éclairages autour des discriminations ethnoraciales en France à partir de l’enquête « Trajectoires et origines » réalisée par l’Ined, en collaboration avec l’Insee.

L’atelier des Savoirs – 15 février 2018 – Les discriminations dans le monde du travail

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Jeudi 15 février 2018 à 18h 30

 Les discriminations dans le monde du travail

Nouria Ouali (sociologue)
Professeure à l’Université Libre de Bruxelles et chercheure au Centre de recherche METICES à l’Institut de sociologie de l’ULB.

 

Présentation de la conférence :
À partir d’une recherche-action qui analyse les cadres de perception et d’interprétation des acteur.es de l’entreprise des instruments de lutte contre la discrimination et/ou la promotion de la diversité, l’exposé tentera de montrer, d’une part, quelles sont les logiques et les ressors de l’action des délégué.es syndicaux et des responsables des ressources humaines dans certaines entreprises bruxelloises et, d’autre part, comment dépasser les intérêts partisans de ces acteur.es pour agir dans l’intérêt général que nécessite la lutte contre les discriminations.

Ainsi, sur base des pratiques concrètes dans les entreprises, la méthode consiste à travailler à partir des points de vue situés et des enjeux particuliers des acteur.es et à élaborer un « souci commun » dans le but de dégager des modes d’interprétation et d’action collectifs pour rendre la lutte contre les discriminations plus cohérente et efficiente.

L’Atelier des Savoirs – 22 mars 2018 – Discriminations et violence psychique

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Jeudi 22 mars 2018

Discriminations et violence psychique : la triple peine des demandeurs d’asile

 

Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky (anthropologue et psychologue)

Professeure d’anthropologie sociale, INALCO ; Psychologue clinicienne, hôpital Avicenne.

 

Présentation de la conférence :
Les demandeurs d’asile en consultation hospitalière de psycho traumatisme expriment, entre autres souffrances, la violence psychique des discriminations dont ils sont l’objet. Elles sont liées à leur statut de demandeur, qui les place en situation de dépendance et d’illégitimité. Tant qu’ils ne sont pas reconnus comme réfugiés, ils évoluent dans un discours de la preuve qui les réduit à des suspects et qui cristallise des réactions xénophobes. Ils sont diversement considérés par les institutions (structures d’accueil et de logement mais aussi hôpital) et souffrent d‘inégalités de traitement dans la demande d’asile et l’accompagnement social. Cela est particulièrement remarquable lorsque les qualifications viennent biaiser les représentations, par exemple selon qu’on a affaire à un « dubliné » ou pas. On interrogera ainsi l’impact des catégories et des représentations pour expliquer ces traitements différentiels.

Par ailleurs, la souffrance psychique traduit l’intériorisation des discriminations, en particulier lorsque celles-ci redoublent à la fois des traumatismes et des expériences de déclassement et d’humiliation que vivent certains sujets dans la migration.

Plus encore, la discrimination peut venir de là on ne l’attend pas, autrement dit de la communauté, qui distingue ses propres membres, et leur renvoie de manière sélective des stigmates culturels, qui sont, en migration, renforcés.

Ce sont donc ces trois dimensions, relevant du contexte politico-administratif, du vécu psychique de la migration, de la situation du sujet dans le groupe culturel, qui permettent d’interroger les discriminations et leur impact sur les demandeurs d’asile. On percevra l’expression subjective de cette violence à travers la présentation de cas cliniques.

L’Atelier des Savoirs – 2017-2018 – Migrations et discriminations

Cycle 2017-2018 « Migrations et discriminations »

Ce cycle de conférences est organisé en partenariat entre le laboratoire Migrinter (CNRS / Université de Poitiers) et l’Espace Mendès France, sous la direction scientifique d’Adelina Miranda (anthropologue, PR-Université de Poitiers, Migrinter) et Anouche Kunth (historienne, CR-CNRS, Migrinter).

Il propose d’interroger, dans une perspective pluridisciplinaire, le lien existant entre migration et discrimination. De nombreuses analyses démontrent que les discriminations vécues par les migrants ne se réduisent pas à la sphère du travail et qu’elles recouvrent un caractère systémique dans la société. Mais comment définir ces discriminations ? Quelles en sont les dynamiques sociales ?  Comment le genre, la religion ou encore la perception commune et fantasmée que l’on se fait des « races » interviennent-ils dans la construction du phénomène ? Qui sont, en somme, les groupes les plus frappés ? Quels en sont les effets sur les individus et leurs trajectoires sociales (résidentielles, professionnelles, etc.), mais aussi sur leur psychisme ? Que peut le droit face aux pratiques discriminantes ?  Les enquêtes menées par des chercheurs sur des terrains variés permettront de répondre à ces questions et d’approfondir notre connaissance de cet état de fait persistant.

 

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