SOUTENANCE DE THÈSE – KAREN AKOKA

La fabrique du réfugié à l’OFPRA (1952-1992) : du consulat des réfugiés à l’administration des demandeurs d’asile

Jury composé de :

  • Kamel DORAI, Chargée de recherche, CNRS
  • Stéphane DUFOIX, Maître de conférences HDR, Université Paris 10 – Nanterre
  • Yasmine SIBLOT, Professeure des Universités, Université de Paris 8
  • Alexis SPIRE, Directeur de recherche, CNRS
  • Alain TARRIUS, Professeur émérite, Université Toulouse 2 – Le Mirail
  • Patrick Weil, Directeur de recherche, CNRS – Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne

Résumé : Cette thèse revient sur quarante ans de « fabrication » des réfugiés par l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (Ofpra) depuis sa création en 1952, où il s’apparente à un consulat pour les réfugiés, jusqu’en 1992, où s’achève sa reconfiguration en administration des demandeurs d’asile. Elle retrace ce faisant la carrière et la trajectoire de la catégorie d’intervention publique du réfugié. Au cours de cette période, la question de l’asile est en effet reformulée en passant du « problème » des réfugiés, à celui des demandeurs d’asile, désignant à chaque fois une catégorie cible à destination de laquelle l’action publique s’oriente en guise de solution. Cette thèse qui appréhende la catégorie de réfugié à partir de ses usages montre qu’il n’y a pas de réfugié « naturel », auquel correspondraient ou non les candidats à l’asile, de la même manière que la Convention de Genève ou la loi sur la création de l’Ofpra ne peuvent être considérées comme des textes neutres qui seraient applicables de façon objective si tant est que les institutions chargées de le faire soient indépendantes. Politiquement et historiquement situés, ces textes n’en sont pas moins des textes flous pouvant être interprétés de manière différente selon les besoins et les périodes. La recherche menée fait ainsi apparaître une catégorie de réfugié qui se reconfigure avec les transformations de l’institution chargée de l’attribuer : celles du profil et des trajectoires sociales de ses agents, de leurs pratiques et des dispositifs organisationnels qui les encadrent, eux-mêmes articulés à des politiques publiques spécifiques. Analyse du travail administratif sur le temps long et en actes, davantage qu’une étude des règles formelles du droit, cette recherche aborde quarante ans de pratiques d’attribution du statut de réfugié au sein d’une administration dont l’histoire n’a été que peu explorée par la recherche. Elle repose tant sur l’analyse d’archives que sur un corpus d’entretiens avec ses agents et s’inscrit à l’articulation d’une sociohistoire des institutions, d’une sociologie de l’action publique et d’une sociologie des formes étatiques de classification.

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