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Spécialité et Situation administrative
Chercheur CNRS
Texte libre de présentation
Je travaille depuis 1997 sur le Moyen-Orient. Je m’intéresse depuis longtemps aux rapports entre identité et territoire en particulier en contexte communautaire (Druzes en Syrie, Kurdes en Irak et en Syrie), mais aussi aux effets de limites et de discontinuités (frontières culturelles) et aux acteurs de la migration dans des rapports de domination politique et de marginalisation socio-politico-économique. Depuis la crise des réfugiés irakiens (2005-2009), je travaille essentiellement sur les transformations des espaces frontaliers et des espaces urbains au Moyen-Orient en rapport avec la circulation accrue des populations et des marchandises – circuits légaux et illégaux. Je m’intéresse surtout aux reconfigurations socio-spatiales des territoires frontaliers et communautaires que connait le Moyen-Orient depuis l’effondrement des Etats irakiens et syriens.
La relation entre les processus de construction territoriale, la circulation migratoire et le fait communautaire constitue le fil directeur de mes recherches au Moyen-Orient. Mon travail se situe aux frontières de la géographie sociale et culturelle, de la géographie régionale et de l’analyse spatiale, ainsi que de la géographie des migrations et de la géographie du politique. J’ai adopté une démarche pluridisciplinaire pour comprendre la complexité des organisations socio-spatiales qui, à rebours des constructions étatiques et des frontières nationales, dessinent des territoires souvent invisibles mais dans lesquels des groupes se projettent, circulent et vivent. Ma thèse de géographie (« L’espace communautaire des Druzes du Sud de la Syrie : des stratégies de création d’un territoire à celles de la mobilité ») qui a donné lieu à la publication d’un ouvrage (2011) cherche à comprendre la production territoriale d’une communauté confessionnelle qui, pour survivre, a dû se construire un territoire refuge puis l’élargir par des migrations. Depuis, je m’intéresse aux processus de constructions territoriales et en particulier aux dynamiques et reconfigurations des espaces frontaliers en lien avec les conflits armés qui en sont parfois à l’origine. J’ai ainsi réorienté mes travaux de recherche sur les réfugiés irakiens en Syrie (2007-2008) et les circulations à la frontière syro-turque (depuis 2009). Dans le cadre d’un contrat de 4 ans à l’Ifpo comme chercheur, j’ai poursuivi mes recherches sur de nouveaux terrains : d’abord le Kurdistan irakien et les territoires disputés entre Erbil/Baghdad. Mais aussi le Kurdistan syrien qui rejoint parfaitement mes questionnements sur les reconfigurations territoriales en période de conflit. Et enfin l’espace transfrontalier syro-jordanien qui émerge dans le contexte du conflit syrien et qui pose des questions liées à la gestion de la frontière, des réfugiés, à la présence de combattants de l’armée libre et d’ONG islamiques qui sont impliqués dans le conflit. Je travaille à partir de l’étude des circulations transfrontalières, qui, au Moyen-Orient, demeurent liées au contexte géopolitique prégnant et à des frontières qui ne tiennent généralement pas compte ni de l’implantation, ni du fonctionnement en réseau des groupes communautaires qui vivent dans cette région. C’est dans ce contexte conflictuel que j’ai orienté mes recherches afin de mieux comprendre les flux de migrants et de marchandises à l’échelle du Moyen-Orient et leurs effets sur l’émergence de territoires culturels, économiques et/ou politiques en marge d’Etats affaiblis où les frontières nationales ne jouent plus leur rôle de filtre.
Le Moyen-Orient est devenu un espace de conflit où s’affrontent Etats voisins et groupes armés divers. L’affaiblissement des Etats de la région rend les frontières plus perméables. De nouveaux acteurs parviennent même à prendre possession de territoires entiers situés généralement en périphérie des Etats, dans des zones frontalières, créant – parfois temporairement – de facto des « proto-Etats » (Kurdistan-s irakien et syrien ; Etat islamique). Mes recherches en cours visent à comprendre le fonctionnement des espaces produits par ces nouveaux acteurs mais aussi les stratégies de tous ceux qui jouent de ces territoires pour reconstruire des circulations migratoires et marchandes nouvelles ou réactivées dans un Moyen-Orient en conflit et en pleine recomposition. En analysant finement les modes de circulation des populations qui pratiquent le cross border, les lieux de passage et de convergence, mais aussi les routes empruntées, nous pensons mieux comprendre les processus d’intégration régionale qui en découlent (échelle régionale), mais aussi les processus de construction de territoires nouveaux en marges des Etats affaiblis par la guerre (échelle locale). C’est cette nouvelle organisation spatiale que je cherche à étudier.