SOUTENANCE HDR – PIERRE KAMDEM

Territorialité migrante et perspective citoyenne : le double jeu des frontières

Jury composé de :

  • Monsieur Laurent FARET, Professeur, Université de Paris 7 Diderot, Géographe, Président du jury,
  • Monsieur Emmanuel MA MUNG, Directeur de recherches, CNRS, MIGRINTER, Université de Poitiers, Rapporteur, Géographe,
  • Monsieur Alphonse YAPI DIAHOU, Professeur, Université de Paris 8, Géographe, Rapporteur,
  • Monsieur Jean-Luc DUBOIS, Directeur de recherches, IRD, Bondy, Economiste, Rapporteur,
  • Monsieur Patrick GONIN, Professeur, MIGRINTER, Université de Poitiers, Géographe, Tuteur scientifique,
  • Madame Catherine WIHTOL DE WENDEN, Directeur de Recherches, CERI, Sciences Po. Paris, Politologue, membre,
  • Monsieur Athanase BOPDA, Professeur, Université du Havre, Géographe, membre,
  • Monsieur Daniel ABWA, Professeur, Université de Yaoundé 1, Historien, membre.

Résumé :

A travers une lecture transversale de mon itinéraire de vie en général, et plus particulièrement de mon itinéraire scientifique, ce texte se pose en exercice de mise en relief d’éléments structurants en œuvre dans les démarches de construction et de production de figure de migrant, avec pour focale entre autres, le migrant camerounais d’Ile-de-France. Pour ce faire, appui est pris sur l’ensemble de mes travaux dont le fil d’Ariane se tisse grâce au triptyque circulaire produit par la territorialité migrante, sorte de besoin de projection simultanée du migrant dans des lieux multiples au gré d’une circulation migratoire de plus en plus dynamisée par la complexité de l’espace dans sa dimension toute aussi multiple en mobilité, se donnant alors à la production de paysage pour des fins d’alimentation de ladite mobilité.

A ce propos, en les revisitant à l’aune de la mobilité en général et des migrations internationales en particulier, plus précisément celles impliquant le Cameroun, les notions fondamentales et classiquement en cours dans la discipline géographique à l’instar du lieu, de l’espace et du paysage, sont ainsi convoquées pour rendre compte des dynamiques s’opérant dans la production et la réalisation des flux migratoires camerounais tant au départ, à l’arrivée que dans leur investissement dans la circulation migratoire.

L’exemple camerounais permet de voir que ces notions éminemment géographiques, et à caractère fortement objectal, participant ainsi à la première étape de production et construction de cette figure de migrant,  ont connu des évolutions synchrones à celle de la discipline éponyme, évolutions marquant ainsi la deuxième étape de ce processus, et dont on peut percevoir la trame dans les travaux sur les migrations internationales à travers la convocation croissante de notions à caractère subjectal  que sont terroir et territoire, ou encore celles d’incursion plus récente en Géographie que sont territorialisation et territorialité, sous-tendant bien souvent les aspirations profondes de migrants (camerounais) quant à une reconnaissance dans le déploiement de leur statut de nomade encore en confrontation à la sédentarité d’aspiration stato-nationale.

Dès lors, se met en place la troisième étape dans la construction de cette figure de migrant (camerounais), dont le décryptage impose de convoquer une notion peu mobilisée en Géographie, à savoir la notion de citoyenneté dont la complexité est ici mise en exergue par le caractère mobile des sujets concernés, à l’origine des pluri-appartenances spatiales et sociales mettant alors en tensions parfois extrêmes, les diverses dimensions de la frontière, souple dans un contexte d’expression ascendante de la citoyenneté encore dite citoyenneté par le bas (les diverses remises de migrants), mais rigide quand il s’agit de son expression descendante au Cameroun aussi dite citoyenneté par le haut (le rejet de la double nationalité, droit de vote et d’éligibilité inachevé).

A ce propos, une bonne compréhension exige une bifurcation ultérieure vers la géographie politique et la géopolitique dans une perspective de recherches éprises de pluridisciplinarité, autant cette notion s’épaississant au Cameroun du fait de la récente accélération d’arrivées de migrants forcées en provenance de pays voisins, et concernant parfois des populations similaires telles que les Mbororos dans la bande frontalière orientale du pays, rendant alors plus complexe le double jeu d’ouverture-fermeture ontologiquement chevillé à la frontière, et qu’il conviendra de revisiter dans mes travaux futurs.

In fine, il est ici question d’un exercice analytique de bilan et perspectives d’un itinéraire d’enseignant-chercheur. Cet exercice est axé sur un fil d’Ariane consistant à repérer les effets de la duplicité de la frontière sur la territorialité en migration, effets saisis dans un processus de désir de citoyenneté d’un groupe social donné, en l’occurrence celui des migrants internationaux d’origine camerounaise.

Il s’est alors agi, grâce aux outils et méthodes de la géographie classique d’une part, mobilisant les notions de lieu, espace et paysage dans leurs dimensions spécifiques en migration, de rendre compte des diverses stratégies mises en œuvre par les migrants (camerounais et/ou au Cameroun) afin de réaliser les multi-appartenances spatiales et sociales auxquelles ils sont confrontés, et dont l’intelligibilité impose d’autre part un recours à la pluridisciplinarité à travers la convocation de notions plus partagées en Sciences Humaines et Sociales telles que le terroir et le territoire, et d’autres encore plus récentes en géographie telles que la territorialité et la territorialisation.

La mobilisation de cet ensemble de notions dans la complexité des champs migratoires concernés semble alors exiger des bifurcations disciplinaires, si tant il est que l’on souhaite comprendre les postures de migrants camerounais investis dans une quête de citoyenneté intégrale, cette dernière restant bridée par les turpitudes de la mobilité différenciée dans un monde en crises diverses sanctionnées par des replis territoriaux paradoxaux que traduisent les rapports ambigus du migrant camerounais à son lieu d’origine où sa citoyenneté civique reste encore en suspend.

SOUTENANCE HDR – CHRISTOPHE IMBERT

Retour sur les « genres de vie » :
un détour par l’histoire lexicale et sémantique pour l’étude contemporaine de la relation hommes-milieux

Jury composé de :

  • William Berthomière, Directeur de recherche au CNRS
    UMR 7301 Migrinter (CNRS,Poitiers)
  • Catherine Bonvalet, Directrice de recherche à l’INED
    Unité de recherches Mobilité, Logement, Entourage
  • Françoise Dureau, Directrice de recherche honoraire à l’IRD
    UMR 7301 Migrinter (CNRS, Université de Poitiers)
  • Hélène Guétat-Bernard, Professeure de Sociologie (rapporteure)
    UMR  5193 LISST/dynamiques, (CNRS, ENFA, Université Toulouse Jean Jaurès)
  • Guillaume Le Blanc, Professeur des Universités (rapporteur)
    EA 4195 Lettres, Idées (Université de Paris-Est Créteil Marne la Vallée)
  • Evelyne Mesclier, Directrice de recherche à l’IRD (rapporteure), UMR PRODIG  (CNRS, IRD, Universités de Paris 1, IV, 7)

SOUTENANCE HDR – CAMILLE SCHMOLL

SPATIALITÉS DE LA MIGRATION FÉMININE EN EUROPE DU SUD. UNE APPROCHE PAR LE GENRE

Jury composé de :

  • William Berthomière, Directeur de recherche (Garant, umr 7301 Migrinter – Université de Poitiers)
  • Nadine Cattan, Directrice de Recherche (umr 8504 Géographie-cités)
  • Béatrice Collignon, Professeure des universités (umr 5319 Passages – Université Bordeaux Montaigne)
  • Janine Dahinden, Professeure ordinaire d’Etudes transnationales (MAPS, Université de Neuchâtel)
  • Adelina Miranda, Professeure des universités (umr 7301 Migrinter – Université de Poitiers)
  • Olivier Pliez, Directeur de recherche (umr 5193 LISST-Université Toulouse Le Mirail)
  • Dominique Rivière, Professeure des universités (Umr 8504 Géographie-cités – Université Paris Diderot)
  • Dina Vaiou, Professeure des universités (Université Nationale Technique d’Athènes).

Résumé :

Inscrite dans une approche critique des migrations, cette habilitation est consacrée aux spatialités migrantes d’une autonomie en tension, à partir de l’investigation des migrations féminines de trois pays (Italie, Malte, Chypre).  Ce travail plaide pour le croisement des études migratoires et des études genre pour fournir une lecture (multi)située et intersectionnelle des nouvelles formes migratoires dans l’espace euro-méditerranéen. Ancré dans une géographie féministe attentive aux micro-géographies du pouvoir et aux subjectivités politiques migrantes, il met l’accent sur la nécessité de nouveaux lieux et échelles d’observation, dans le cadre d’un travail ethnographique croisant suivi des circulations matérielles et immatérielles, récit de trajectoires socio-spatiales et observation de micro-situations localisées. L’investigation de différents types de migrations féminines (européennes et non européennes, régulières et irrégulières, travailleuses et/ou demandeuses d’asile) permet une appréhension fine des différents régimes de mobilité qui structurent l’Europe du Sud en tant qu’espace migratoire genré. Elle fournit ainsi les bases d’une lecture renouvelée du modèle sud-européen de migration avec, pour perspective centrale, la recomposition des rapports de pouvoir, à différentes échelles (du corps à l’espace transnational) et en différents lieux (îles-frontières, villes-frontières, centres-villes et centres d’accueil et de rétention pour migrantes). L’autonomie en tension de la condition féminine en migration se constitue dans et par l’espace : le corps, l’espace domestique, l’espace d’internet constituent ainsi trois échelles imbriquées et interdépendantes permettant de comprendre les subjectivités intersectionnelles migrantes. Les spatialités analysées sont bien des transpatialités : traversées, connectées, transformées qu’elles sont par des flux transnationaux et des dynamiques scalaires multiples. Mais ce sont également des contre-spatialités, au sens où il s’agit de lieux instituant du trouble, des lieux de subversion des rapports de pouvoir.

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