SOUTENANCE DE THÈSE – Colette LE PETITCORPS

Service à domicile, femmes et migrations en France

Le rapport de domesticité en question

Jury composé de :

  • Catherine Delcroix, Professeure, Université de Strasbourg
  • Blandine Destremau, Directrice de recherche, CNRS
  • Marie-Antoinette Hily, Chargée de recherche, CNRS
  • Olivier Leservoisier, Professeur, Université Paris Descartes
  • Adelina Miranda, Professeure, Université de Poitiers
  • Véronique Petit, Professeure, Université Paris Descartes

Aux Nords comme aux Suds, des femmes migrantes répondent à une demande en services domestiques de la part de familles et d’États en pénurie de main-d’œuvre domestique. En France, depuis une vingtaine d’années, les politiques publiques ont structuré un secteur des services à la personne qui rassemble uniquement des activités réalisées à domicile. Cette thèse interroge dans ce contexte ce qui caractérise le service à domicile et ce qui fait sa spécificité au regard de son lien aux processus migratoires féminins et du lieu de travail. Pour y répondre, la méthode choisie articule une démarche compréhensive, comparative et de recherche des continuités et des ruptures de la domesticité dans le temps. Le matériau d’enquête est composé d’entretiens réalisés avec des femmes migrantes employées à domicile, des employeuses et des responsables d’organismes agréés de services à la personne, à Poitiers et à Paris. Les récits recueillis ont été analysés à la lumière de travaux historiques sur la domesticité en France et mis en perspective avec les données d’une enquête de terrain menée à l’Île Maurice sur la domesticité dans des familles « franco-mauriciennes ». À l’issue du travail empirique et en articulant des concepts tirés de la sociologie des femmes dans la migration, de la production scientifique sur la domesticité ainsi que sur les rapports d’exploitation et de domination dans les emplois domestiques, nous avons élaboré le concept de rapport de domesticité. Celui-ci permet de montrer l’existence d’un rapport social spécifique au service à domicile, structurant et dynamique, qui se joue et se rejoue dans la relation concrète entre femmes, employeuse et employée, mais qui sépare et hiérarchise plus largement deux groupes sociaux, le groupe « servant » et le groupe « servi ». Le rapport de domesticité conduit à repenser le travail reproductif, la condition domestique et la place des migrations féminines dans les emplois à domicile.

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