Les représentations des migrations #3 Dessiner pour comprendre autrement les migrations

La séance #3 du séminaire « Les représentations des migrations » du Jeudi 14 novembre 2019, s’intitule « Dessiner pour comprendre autrement les migrations ».

Pour cette 3ème séance du séminaire « Les représentations des migrations », Chowra Makaremi (anthropologue, chargée de recherche CNRS, IRIS / EHESS) et Taina Tervonen (journaliste indépendante) participeront au débat.

Depuis le début des années 2000, le thème des migrations n’a cessé de prendre de l’importance dans la bande dessinée ; voir à titre d’exemple Là où vont nos pères de Shaun Tan dont l’œuvre a été récompensée en 2008 par le Fauve d’or au festival international de la bande dessinée d’Angoulême, ce dernier récompensant le meilleur album de bande dessinée publié en français l’année précédente. La bande dessinée permet ainsi de rappeler des histoires passées devenant une « alliée pédagogique de la transmission de l’histoire de l’immigration » (Derber , 2013).

Dans des perspectives plus contemporaines, elle donne aussi la possibilité d’appréhender différemment des situations migratoires qui sont souvent abordées dans les médias ou la littérature scientifique. C’est ainsi que des chercheurs se sont joints à des dessinateurs pour diffuser une partie de leurs travaux (Bouagga ;Mandel, 2017 ; Geffroy ; Lessault, 2019).

Elle permet enfin de découvrir et comprendre l’actualité, à partir d’enquêtes, reportages et documentaires comme la revue Dessinée le propose chaque trimestre.

Parmi les deux intervenantes de la 3ème séance du séminaire « Les représentations des migrations », nous accueillerons tout d’abord Chowra Makaremi qui – avec Matthieu Parciboula – viennent de publier Prisonniers du passage (ed. Steinkis, Paris, 2019). Ainsi à travers cette publication, il s’agit de questionner le processus de conception d’un roman graphique à partir d’une thèse de doctorat en anthropologie, à savoir comment se construit un scénario en reprenant la progression d’un travail scientifique qui – ici en l’occurrence – s’intéresse au dispositif de détention des étrangers à l’aéroport Charles de Gaulle à Roissy ? Comment mettre en scène des personnages à partir de différents parcours évoqués dans le travail scientifique, et construire le lieu vécu ou le dispositif avec ses multiples acteurs comme élément central de l’histoire ?

Puis nous accueillerons Taina Tervonen, journaliste, qui depuis 20 ans travaille sur les migrations. Collaboratrice à la revue Dessinée, elle nous fera part de son questionnement sur sa responsabilité quant aux images qu’elle participe à véhiculer et à la façon dont elle peut agir sur ces images. La recherche de diverses formes de narration participe aussi de cette réflexion. La BD offre en effet des possibilités qui lui sont propres : les images sont fabriquées par le dessin où des temporalités et lieux peuvent être mélangés. Il est possible de jouer sur des « voix off », et utiliser différents registres de dessins pour plusieurs couches de narration, etc. Cela permet de traiter des sujets complexes avec la simplicité qu’impose le dessin. Cela oblige également à penser la question de l’incarnation du narrateur et des personnages. La BD permet enfin de travailler autrement sur le terrain. Bénéficiant d’un capital sympathie important dans la plupart des coins du monde, elle permet d’approcher un plus grand nombre de lecteurs, et ce différemment.

Références :

Derber, Peggy (2013) La bande dessinée, alliée pédagogique de la transmission de l’histoire de l’immigration, Hommes & migrations, n°1303, pp. 170-171.

Bouagga, Yasmine ; Mandel, Lisa (2017) Les nouvelles de la Jungle de Calais, Paris, Casterman

Geffroy, Damien ; Lessault, David (2019) Village Global,Paris, Steinkis Éditions.

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