Patrick Simon (démographe).
Directeur de recherche, institut d’études démographiques (Ined), Paris.
Constructions conceptuelles et éclairages autour des discriminations ethnoraciales en France à partir de l’enquête « Trajectoires et origines » réalisée par l’Ined, en collaboration avec l’Insee.
Nouria Ouali (sociologue)
Professeure à l’Université Libre de Bruxelles et chercheure au Centre de recherche METICES à l’Institut de sociologie de l’ULB.
Présentation de la conférence :
À partir d’une recherche-action qui analyse les cadres de perception et d’interprétation des acteur.es de l’entreprise des instruments de lutte contre la discrimination et/ou la promotion de la diversité, l’exposé tentera de montrer, d’une part, quelles sont les logiques et les ressors de l’action des délégué.es syndicaux et des responsables des ressources humaines dans certaines entreprises bruxelloises et, d’autre part, comment dépasser les intérêts partisans de ces acteur.es pour agir dans l’intérêt général que nécessite la lutte contre les discriminations.
Ainsi, sur base des pratiques concrètes dans les entreprises, la méthode consiste à travailler à partir des points de vue situés et des enjeux particuliers des acteur.es et à élaborer un « souci commun » dans le but de dégager des modes d’interprétation et d’action collectifs pour rendre la lutte contre les discriminations plus cohérente et efficiente.
Présentation de la conférence :
Les demandeurs d’asile en consultation hospitalière de psycho traumatisme expriment, entre autres souffrances, la violence psychique des discriminations dont ils sont l’objet. Elles sont liées à leur statut de demandeur, qui les place en situation de dépendance et d’illégitimité. Tant qu’ils ne sont pas reconnus comme réfugiés, ils évoluent dans un discours de la preuve qui les réduit à des suspects et qui cristallise des réactions xénophobes. Ils sont diversement considérés par les institutions (structures d’accueil et de logement mais aussi hôpital) et souffrent d‘inégalités de traitement dans la demande d’asile et l’accompagnement social. Cela est particulièrement remarquable lorsque les qualifications viennent biaiser les représentations, par exemple selon qu’on a affaire à un « dubliné » ou pas. On interrogera ainsi l’impact des catégories et des représentations pour expliquer ces traitements différentiels.
Par ailleurs, la souffrance psychique traduit l’intériorisation des discriminations, en particulier lorsque celles-ci redoublent à la fois des traumatismes et des expériences de déclassement et d’humiliation que vivent certains sujets dans la migration.
Plus encore, la discrimination peut venir de là on ne l’attend pas, autrement dit de la communauté, qui distingue ses propres membres, et leur renvoie de manière sélective des stigmates culturels, qui sont, en migration, renforcés.
Ce sont donc ces trois dimensions, relevant du contexte politico-administratif, du vécu psychique de la migration, de la situation du sujet dans le groupe culturel, qui permettent d’interroger les discriminations et leur impact sur les demandeurs d’asile. On percevra l’expression subjective de cette violence à travers la présentation de cas cliniques.
Ce cycle de conférences est organisé en partenariat entre le laboratoire Migrinter (CNRS / Université de Poitiers) et l’Espace Mendès France, sous la direction scientifique d’Adelina Miranda (anthropologue, PR-Université de Poitiers, Migrinter) et Anouche Kunth (historienne, CR-CNRS, Migrinter).
Il propose d’interroger, dans une perspective pluridisciplinaire, le lien existant entre migration et discrimination. De nombreuses analyses démontrent que les discriminations vécues par les migrants ne se réduisent pas à la sphère du travail et qu’elles recouvrent un caractère systémique dans la société. Mais comment définir ces discriminations ? Quelles en sont les dynamiques sociales ? Comment le genre, la religion ou encore la perception commune et fantasmée que l’on se fait des « races » interviennent-ils dans la construction du phénomène ? Qui sont, en somme, les groupes les plus frappés ? Quels en sont les effets sur les individus et leurs trajectoires sociales (résidentielles, professionnelles, etc.), mais aussi sur leur psychisme ? Que peut le droit face aux pratiques discriminantes ? Les enquêtes menées par des chercheurs sur des terrains variés permettront de répondre à ces questions et d’approfondir notre connaissance de cet état de fait persistant.
CYCLE 2018-2019 de l’Atelier du savoir Migrinter – Espace Mendès France
Femmes, migrations, engagements
11 octobre 2018, 18h30 – Salle Confluence.
Femmes en mouvement. De nouvelles pistes pour repenser les migrations
par Camille Schmoll, maîtresse de conférences en géographie à l’université Paris Diderot, membre junior de l’Institut universitaire de France et membre de l’UMR Géographie-cités.
Présentation de la conférence :
Depuis peu, la recherche a pris conscience de l’importance des femmes dans les flux migratoires, tordant ainsi le cou à l’idée largement répandue d’une féminisation récente des migrations. Cette conférence part de l’expérience des femmes migrantes pour questionner les causes de leur départ, leurs trajectoires migratoires, ainsi que les transformations sociales qu’elles provoquent. La prise en compte du point de vue et de l’expérience des femmes permet de mieux comprendre l’expérience migratoire dans sa totalité et sa complexité, au sens où elle déplace, questionne le regard masculin et le subvertit en mettant en lumière d’autres lieux, d’autres processus et d’autres dynamiques de pouvoir liés à la migration. Partir des femmes c’est aussi défendre une perspective qui nous éloigne de certains discours victimisants sur la migration féminine, mais c’est tout également refuser une vision linéaire de la migration comme nécessairement émancipatrice.
CYCLE 2018-2019 de l’Atelier du savoir Migrinter – Espace Mendès France
Femmes, migrations, engagements
8 novembre 2018, 18h30 – Salle Confluence
Femmes et religion en migration
Par Béatrice de Gasquet, maîtresse de conférences en sociologie à Paris Diderot.
Présentation de la conférence : Souvent associés à la « tradition », les espaces et réseaux religieux sont souvent des lieux de changement social, notamment en contexte migratoire. Pour les femmes, ce sont à la fois des espaces normatifs, qui peuvent être contraignants, mais aussi des lieux de sociabilité et parfois de relative autonomie, en particulier dans le cas d’organisations religieuses où les migrantes sont majoritaires. Que sait-on sur les manières dont la migration change les rapports entre femmes et hommes dans les organisations religieuses ? Les espaces religieux sont-ils des atouts ou des freins pour les femmes migrantes face à l’expérience du racisme et du sexisme ?
CYCLE 2018-2019 de l’Atelier du savoir Migrinter – Espace Mendès France Femmes, migrations, engagements
6 décembre 2018, 18h30 – Salle Confluence.
Déplacement forcé des femmes Indiennes au Guatemala
par Jules Falquet, maîtresse de conférences HDR en sociologie, CEDREF-LCSP, à l’université Paris Diderot.
Présentation de la conférence :
Le renouveau de l’extractivisme (minier, énergétique ou encore agricole) sur tout le continent latino-américain depuis 2004 a généralement lieu sans l’accord des populations locales concernées. Celles-ci sont souvent forcées à quitter les lieux, soit du fait des conséquences environnementales particulièrement négatives, soit parce que devant leur opposition, les entreprises transnationales exercent contre elles d’importantes violences — les femmes faisant généralement l’objet de violences spécifiques, notamment sexuelles. Le cas du Guatemala illustre ces dynamiques, en montrant comment les logiques néolibérales actuelles possèdent des racines profondes qui plongent dans l’histoire coloniale et comment les femmes et les féministes, Indiennes tout particulièrement, premières affectées, se trouvent au coeur des résistances.
CYCLE 2018-2019 de l’Atelier du savoir Migrinter – Espace Mendès France Femmes, migrations, engagements
10 janvier 2019, 18h30 – Salle Confluence.
Exclure par les droits des femmes. Le « voile », le « mariage forcé » et la « traite des femmes » en France
par Nasima Moujoud, maîtresse de conférences en anthropologie à l’université Grenoble-Alpes.
Présentation de la conférence :
Les discours et les politiques qui ciblent essentiellement les « femmes de l’immigration » (migrantes, étrangères, Françaises naturalisées ou nées en France) ne cessent de se multiplier depuis le début des années 2000 en France. Les études consacrées à ce contexte accordent généralement peu d’importance aux liens entre les différentes catégories et les diverses orientations (idéologiques, législatives, etc.) qui se focalisent sur les femmes de l’immigration. Pourtant, ces orientations ont été menées simultanément dans les années 2000, particulièrement celles qui souhaitaient interdire le « voile », le « mariage forcé » et la « traite des femmes » à des fins d’exploitation sexuelle. Il s’agit de se référer à des figures de « victimes » (jeunes femmes vulnérables) qu’il convient de défendre contre des hommes et contre elles-mêmes. Ces « victimes » sont majoritairement originaires de sociétés ex-colonisées. La complexité inhérente aux orientations qui les désignent nous invite à se pencher sur ce qu’elles impliquent en termes d’exclusion et de récupération politique et institutionnelle du féminisme.
CYCLE 2018-2019 de l’Atelier du savoir Migrinter – Espace Mendès France Femmes, migrations, engagements
7 février 2019, 14h – 18h, Salle Confluence.
Table ronde : Croiser les expériences et les réflexions sur les migrations des femmes
La dernière séance des Ateliers du savoir est l’occasion d’échanges entre universitaires et bénévoles et salariés d’associations de soutien aux migrant·es. Nous croiserons les regards et les expériences pour éclaires les migrations des femmes.
En présence de :
Nacira Guénif-Souilamas, professeure en Sciences de l’éducation à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, membre du laboratoire Experice (Paris 8 – Paris 13).
Jane Freedman, professeur de sociologie à l’université Paris 8 Vincennes – Saint Denis.
Associations présentes : Les Ami·es des femmes de la Libération à Poitiers, la Cimade (Poitiers), Claudie Lesselier de Rajfire (Réseau pour l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées), Fouzia Hamhami, référente de l’espace femmes citoyennes pour l’Association des travailleurs Maghrébins de France (ATMF) d’Argenteuil, le Toit du Monde (Poitiers).
CYCLE de CONFÉRENCES 2018-2019 « Ateliers du savoir »
Femmes, migrations, engagements
Ce cycle est organisé en partenariat entre le laboratoire Migrinter (CNRS / Université de Poitiers) et l’Espace Mendès France, sous la direction scientifique d’Adelina Miranda, professeure d’anthropologie, codirectrice de Migrinter et de Sarah Przybyl, post-doctorante et géographe à Migrinter.
La thématique choisie pour la programmation 2018-2019 s’intéresse aux études sur les migrations montrant la complexité des situations migratoires des femmes. Elles permettent de comprendre que les articulations des systèmes d’oppression vécus par les migrantes sont plurielles et multilocalisées. Changements et continuités sont constamment en relation dans la structuration des rapports sociaux de sexe et dans les logiques patriarcales qui structurent tant les sociétés de départ que d’arrivée. En effet, les migrantes utilisent la mobilité parfois comme une stratégie individuelle pour dépasser les conditions d’oppression, parfois comme une stratégie pour renégocier les relations entre les genres et les générations. Comment les femmes élaborent-elles leur expérience migratoire à partir de la place qui leur est assignée ?
Quelles articulations agencent-elles entre les contraintes et les opportunités dans la construction de leur devenir ?
Quels sont leurs engagements et leurs revendications ?
Ce cycle de conférences invite à réfléchir sur ces questions en tenant compte que ni l’être femme ni l’être migrante ne sont des conditions essentialistes.
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